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LE BLOGOTHORAX
23 juillet 2023

Mes meilleurs morceaux des Beatles (suite et fin)

Deuxième période des Beatles : 1967-1970. Il y a quand même une raison valable pour faire la coupure dans l’œuvre des Beatles entre 66 et 67 : l’arrêt de leurs concerts. Lassés par une organisation devenue intenable tellement il y a de monde et tellement le son est pourri, ils décident d’arrêter leurs tournées et concerts à la fin de l’été 1966 et ils s’y tiendront jusqu’au bout (sauf quelques petits sets filmés, avec un public très restreint). Du coup, ils se lâchent encore plus en studio, avec plein de collages, d’overdubs et l’utilisation de multiples instruments et effets techniques. Ils ont tous les moyens qu’ils veulent, jusqu’à l’orchestre symphonique si besoin, du coup leur son devient très riche.

Sgt Pepper

L’album SGT. PEPPER'S LONELY HEARTS CLUB BAND semble à la fois très homogène et cohérent, dans le son et la construction, tout en étant très varié au niveau des compositions musicales. Le niveau est très haut, difficile de distinguer des titres vraiment meilleurs que d’autres car ils ont presque tous un côté très fort dans leur réalisation. Certains peuvent lasser, quand on entend les nombreuses reprises qui en ont été faites, comme celles de With a little help from my friend, repris par Joe Cocker ou par des orchestres commerciaux de l’époque, mais quand on entend la version originale, ça a toujours de la gueule.

L’album s’ouvre par le morceau titre, Sergent Pepper…, qui est très bon et dont on retrouve une deuxième version, plus pêchue, vers la fin de l’album. Super riff de guitare, super chant, gros soutien par la batterie et par une section de cuivres. Très efficace. Le troisième titre, Lucy in the sky with diamonds reste incontournable. Une chanson écrite et chantée (superbement) par Lennon, très psychédélique, mais finalement assez dépouillée, surtout sur les couplets, comme pas mal d’autres titres de cet album. Avec un orgue bien présent sur les refrains. S’en suivent deux belles compos de McCartney, Getting better et Fixing a hole, en mid-tempo, bien rythmées, avec supers chœurs…  Puis une troisième, un peu plus dans le style académique de Paul, She’s leaving home… Mais une fois de plus, c’est tellement bien fait que ça passe crème. Très belle chanson émouvante, cette fois-ci entièrement jouée par un ensemble classique, avec violons, violoncelles, contrebasse et une harpe ; pas de guitare, ni basse, ni batterie ! John chante sur les refrains. Et c’est à lui de conclure pour la face A, avec l’incroyable compo Being for the Benefit of Mr. Kite ! On dirait un peu du Kinks, mais en plus psyché et avec des passages en valse, de l’accordéon, de l’écho ; on pourrait aussi penser à François de Roubaix dans Chapi Chapo !

Being for the Benefit of Mr. Kite

En ouverture de la face B, le morceau indien au sitar de George est pas mal mais moins concluant. Puis on « touche le fond » avec le titre le plus faible de l’album, When I’m sixty-four de McCartney, bien foutu dans son genre, mais genre ballade des années 20, bien lassant à la longue. Ensuite, ça repart très fort avec Lovely Rita, super morceau de Macca, mi-tempo entrainant avec une bonne ligne de chant haché sur les couplets, super basse et chœurs sur les refrains, sympathique solo de piano au milieu et fin originale qui part sur autre chose. Puis on débouche sur un excellent titre signé Lennon, Good morning, good morning, c’est magistral ! Super chant et compo, puissants breaks de batterie, cuivres rutilants (et pas trop aigus, c’est idéal), interventions de guitare géniale (ce solo !), bruitages d’animaux mixés sur la fin. Pour moi l’un des tous meilleurs titres des Fabs Four. Suivi par la reprise de Sgt. Pepper's Lonely Hearts Club Band, c’est une parfaite série de 3 morceaux entrainants. Et l’album se fini par le fameux A day in the life, collage de deux chansons initiales de John et Paul, augmenté de plusieurs parties et orchestrations étonnantes, dont le final, il faut avoir entendu ce morceau au moins une fois en entier ! Mais ce n’est pas l’un de mes favoris, bien que le couplet de Lennon soit dans le plus pur style de ce qu’il a fait de mieux, très émouvant.

 

Good morning, good morning

Sgt. Pepper sort le 1er juin, mais l’année est loin d’être finie et les Beatles continuent à produire aussi fortement que les années précédentes. Plusieurs singles tout au long de l’année, plus une série de 6 morceaux, pour la bande originale d’un téléfilm qui les voit faire un périple en car dans la campagne anglaise : MAGICAL MYSTERY TOUR. Les singles et le EP du téléfilm sont finalement réunis sur un album US qui sort en fin d’année et qui constitue une sorte de suite au Sgt. Pepper.

Magical mystery

L’album s’ouvre par le morceau titre, Magical mystery tour : un excellent rock très enjoué et bien nerveux, un peu comme Sergent Pepper, mais encore mieux. Avec des chœurs et des cuivres rutilants, sur une bonne rythmique basse, guitare, batterie. Et des passages plus lents, dont un final très classe au piano.

On enchaine avec une célèbre ballade Paul McCartney, The Fool on the hill, jolie pièce, un peu trop classique à mon goût, mais agrémentée par un solo de flûte à bec assez drôle et inattendu.

Puis on passe à Flying, l’un des seuls titres instrumentaux jamais enregistrés par les Beatles (avec Cry for a shadow en 1961 – cf. la 1ère partie de cet article). Belle réussite, trame rock classique (mi-la-si) sur un tempo lent mais très cool, ambiance Booker T, puis s’ajoutent des arrangements plus bizarres avec de l’orgue et du melotron et enfin des chœurs, pour déboucher sur un final plus psyché / expérimental, comme souvent à cette période. Final qui s’étend de 1 min 30 à 2 min 15, donc en fait ce morceau est très court, mais très bien.

Et c’est au tour de Georges Harrison de placer son morceau, Blue jay way. Pas de sitar cette fois, mais un titre très psychédélique, tendance planante, avec de l’orgue, des violons et plein d’effets flanger ; heureusement une batterie relève un peu cette sauce ; pas ce que je préfère mais intéressant quand même. Ensuite, retour à Paul, avec Your mother should know : encore une ballade un peu du style belle époque, mélangée avec des mélodies un peu tragiques, c’est bien fait mais on dirait du pré-Supertramp !

Pour finir cette face en beauté, voilà enfin John Lennon, avec I’m the warlus, une magnifique compo un peu psyché, sur un tempo lent et avec d’excellents arrangements orchestraux (des cordes et un cor). La voix est bien tendue, ça se termine sur une montée harmonique que se dissout dans un collage sonore de bruits et de voix.

I’m the warlus

Face B : On passe aux singles qui ont été mis là par les commerciaux américains de Capitol pour compléter la BO de Magical Mystery Tour (constituant la Face A). D’abord Hello goodbye, précédemment publiée en single, avec I’m the warlus en face B. Elle est très efficace mais moins originale, d’ailleurs Lennon la trouvait quelconque et c’est vrai que sa compo qui s’est retrouvée en face B l’est beaucoup plus.

Ensuite, deux énormes tubes, sortis précédemment sur un seul et même single : Straberry fields forever (Lennon) et Penny lane (McCartney), 2 faces A en quelque sorte ! Celle de Lennon a ma préférence (sans surprise !). Incroyable morceau, qui démarre tout doucement, avec un mellotron qui imite des flûtes (si j’ai bien tout compris), suivi par de magnifiques mélodies de chant et de guitare de John, bien soutenu par une épaisse batterie qui intervient de temps à autre. Il y a aussi des trucs passés à l’envers, des cordes, des cuivres et parfois des notes de sitar. C’est tout un climat assez incroyable, sûrement l’un de leur tous meilleurs morceaux. La description de la genèse de ce titre est très détaillée sur Wikipedia et elle vaut le détour. Panny lane est plus classique, comme souvent avec Paul, mais malgré tout très classe - et là aussi blindée d’arrangements étonnants.

Et on enfonce le clou avec une masterpiece, un morceau que j’aime particulièrement : Baby you’re a rich man ! Titre issu d’un collage de deux ébauches, couplet de John et refrain de Paul. Super compo mid-tempo mais très rentre-dedans, avec le chant ponctué par des interventions de clavioline et une superbe section rythmique animée par la basse et le piano… Excellent ! Avant d’être inclus ici, ce titre figurait en face B de All we need is love, autre énorme tube des Beatles que tout le monde a forcément entendu au moins une fois et qui commence tout de même par les notes de la Marseillaise ! Beau clin d’œil car les Beatles ont justement réussi à hisser leur titre au rang d’hymne international et tellement plus agréable que la quasi-totalité des marches militaires qui servent d’hymnes nationaux dans tous les pays. Le morceau se fini par un autre clin d’œil musical, à eux même, cette fois-ci, avec une reprise des chœurs de She loves you (yeah, yeah, yeah ! ...),un de leurs premiers tubes (1963).

Baby you’re a rich man

Je crois que c’est la première fois qu’une face d’un album de Beatles ne contient que 5 titres, mais il faut reconnaitre qu’ils commencent à être de plus en plus longs (entre 3 et 4 minutes plutôt qu’entre 2 et 3). En tout cas le résultat de l’assemblage de cette compilation-album est probant, avec son lot d’au moins quatre titres indispensables, comme on vient de le voir.

 

 

Yellow sub2

On continue avec un autre « faux » album des Beatles, en quelque sorte : YELLO SUBMARINE. Même s’il figure dans leur discographie officielle, il ne contient que 4 nouvelles chansons des Fabs Four. En effet, la face B est une BO instrumentale composée entièrement par George Martin et pas du tout par le groupe. Et la face A s’ouvre par le morceau Yello submarine, de 1966 et se termine par All we need is love, de 1967. Ce disque sort en 1969, après l’album blanc, mais en réalité, tous ses titres ont été enregistrés précédemment (c’est pourquoi j’en parle dès maintenant).

Sur les 4 titres restants, deux sont moyens et deux sont très bons. Only a northern song, de Georges, est issu des sessions de Sergent Pepper, album dont il avait été écarté. Pas génial mais quand même bien, il s’ouvre avec un orgue d’église et sonne très psyché, avec plein de petites trompettes, d’orgues, une basse bien ronde et pleins de bruitages divers.

All together now, de McCartney est typique de celui-ci : une ballade très gaie et dynamique, mais un peu cul-cul, mais bien sympa quand même au final.

Ensuite, place à Lennon, pour le morceau indispensable de ce disque : Hey bulldog. Excellent titre, très rock and roll, supers mélodies et très énergique, avec sa montée harmonique sur les refrains, ses guitares un peu fuzz, sa grosse basse, ses chœurs et pour finir ses aboiements de chiens (un peu comme à la fin de Good morning sur Sgt. Pepper…).

Hey bulldog

Dernier de ces 4 titres inédits, It’s all too much, à nouveau de Harrison. Pas mal du tout, je ne m’en souvenais plus trop. Il est un peu long mais bien trouvé, encore un truc bien psyché, pas extraordinaire mais qui peut constituer un très bon titre d’ambiance. 

 

En 1969, on arrive sur une grosse pièce : le « double blanc » ou « album blanc », qui en réalité s’appelle juste THE BEATLES (et qui est tout blanc, bien évidement). Il commence à y avoir de l’eau dans le gaz entre eux et les phases de réconciliation et d’enthousiasme collectif en studio sont minoritaires sur les phases d’embrouilles des 4 musiciens, exacerbées par la présence de Yoko Ono, qui s’incruste fortement dans la vie de John et du groupe en général.

Du coup, ce disque est plutôt une succession de compositions de chacun des Beatles mises bout à bout et parfois enregistrées séparément des autres membres du groupe. Mais il recèle son lot de grands morceaux et même de très grands morceaux incontournables, c’est sur ceux-là que je vais me concentrer.

Signalons quand même qu’on a ici un gros tas de matériel : 30 titres ! Et que les Beatles délaissent le son psychédélique pour revenir aux racines, à un rock plus roots, plus proche du blues et sans artifices – tendance assez générale à partir de 1968, pour le meilleur et/mais surtout pour le pire !

L’album commence très fort avec un bon rock (de Paul), de structure classique donc, simple mais très bien foutu et qui s’ouvre sur un décollage d’avion : Back in the U.S.S.R. Il est suivi d’une très belle ballade de John, Dear prudence. Notons que Siouxie and the Banshees en ont fait une chouette reprise en 1983. Et suivi d’une deuxième compo de John, Glass onion. J’adore ce titre, il est super classe ! Il va droit à l’essentiel, superbe mélodie, batterie puissante, superbe basse et arrangements de cordes, super chant, et final inattendu. Ultra-efficace, inaltérable !

Glass onion

Après, on arrive dans le n’importe quoi qui remplit cet album, avec des trucs plus ou moins drôles et réussi : Ob-la-di, ob-la-da, sorte de ska se situant plutôt du côté des trucs marrants, mais s’avérant plutôt saoulant à la longue.

De plus en plus, de mon point de vue, on constate que les compos de Lennon ont plus de gueule que celles de McCartney ou que les bœufs improbables de studio. De bonnes choses dans Bungalow Bill (couplets) ou dans Happiness is a warm gun. I’m so tired est vraiment une belle ballade, qui s’énerve progressivement.

Par contre, While my guitar gently weeps de Georges me laisse assez froid, avec Clapton en invité : elle préfigure un peu tout le son innommable des années 70 et 80… Par contre, sa ballade élisabéthaine, avec du clavecin, Piggies, est vraiment chouette.  Pas grand-chose d’autre à retenir pour moi de ce premier des deux disques de l’album blanc.

Le deuxième disque démarre très fort avec Birthday ! Un excellent rock, encore mieux que Back in the U.S.S.R. Et cette fois on peut dire chapeau à Macca, auteur de ces deux morceaux ! Birthday déménage, avec un curieux et furieux break de batterie qui dure un temps interminable, au milieu du morceau, avant de repartir de plus belle sur le refrain ! Signalons-en une excellente reprise, d’époque et en français, sur une compile de garage rock québécois (Dans le vent Vol. 2) : Ce soir c’est ma fête, par Les Sound Track.

Various - Dans Le Vent Vol.2

View credits, reviews, tracks and shop for the 2003 Vinyl release of "Dans Le Vent Vol.2" on Discogs.

https://www.discogs.com

Ensuite, avec Year blues, on a un bel exemple des horribles blues que se mettent à faire les Beatles à cette époque (comme les Stones, d’ailleurs). D’un côté, Lennon chante très bien, ça envoie, mais dans la forme musicale, c’est horrible… Ils vont en faire plusieurs autres comme ça et l’on comprend pourquoi Starshooter sortira en 1977 une version salutaire et déjantée du poussif Get back (Get baque), le genre de morceau qui avait dû faire souffrir pas mal d’oreilles de futurs punks, de 1970 à 1976…

Mais à propos de punk, on arrive un peu plus loin sur un titre incroyable : Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey ! Et là, c’est un morceau incroyable, super puissant, l’un des tout meilleurs des Beatles, ça n’a rien à envier aux Stooges ou à tout un tas d’autres groupes de ce genre et c’est même assez précurseur, dans sa puissance sonore. Mais en plus il y a cette petite cloche obsessionnelle qui électrise le tout. Et toujours ces breaks de batterie de Ringo, tranquille, on prend son temps, 2 coups de caisse claire, mais super efficace ! Breaks de basse, chœurs, ponts… magnifique. Et devinez quoi, c’est encore du Lennon ! Et son tour continue, avec un slow très classe, Sexy Sadie, avec des chœurs très fifties un peu parodiques, une super ligne de basse de Paul, un super chorus de guitare (peut-être Georges ?). J’ai un faible pour ce morceau d’autant plus qu’on l’a joué pendant des années avec mon groupe, Les Revizors. Ça parle d’un gourou indien qui les avait pas mal déçus, en se servant de sa notoriété pour draguer les jeunes filles.

Everybody's Got Something to Hide Except Me and My Monkey

Et juste après : Helter skelter. Je ne me souvenais pas qu’il y avait trois titres aussi bons enchainés d’un seul coup, mais avec celui-là, on est encore un cran au-dessus dans la sauvagerie, par rapport à Everybody’s got… C’est juste hallucinant de puissance et de pertinence ! Pour cette fois, McCartney a fait vraiment très fort. En 1968, on peut dire que non seulement c’est punk, mais c’est même sans doute une influence majeure du hard-rock, qui n’existe pas encore ! Chant hurlé, batterie martiale, mais surtout guitares d’enfer, avec de la saturation de partout, très électrique. Et avec une fausse fin suivie d’un puis deux redémarrages. 4’29 de bouillonnement, à l’issue desquelles ont entent Ringo gueuler qu’il a des ampoules aux doigts !

C’est le moment de rendre un peu justice à Paul McCartney, que j’ai pas mal éreinté dans ma chronique, en signalant une super émission de Michka Assayas cette année (dans Very good trip, sur France Inter) consacrée au chanteur-bassiste, dont la première est consacrée à ses aspects les plus rock and roll : elle vaut le détour, de I saw her standing there à Helter skelter ! J’avoue que je n’ai pas écouté les deux autres émissions et que je préfère m’en tenir à celle-ci.

Bon, il reste encore une ou deux perles à visiter sur le blanc : Revolution 1. Là, attention, piège ! Il existe 2 versions de cette chanson, une blues et une rock. La blues, c’est celle sur l’album blanc, trop lente et un peu chiante, du coup Lennon insiste pour qu’une version plus speed, plus hard, soit enregistrée pour sortir en single, ce qui sera fait (sous le titre de Revolution) mais malheureusement elle ne figurera qu’en face B de Hey jude, à sa grande déception. Enfin le principal, c’est qu’elle existe.

Et enfin, dernière pépite, que j’ai redécouverte assez récemment : Savoy truffle. Morceau très cool, bien groovy, on dirait un peu du pré-glam rock. Super orgue, super compo, guitare rythmique parfois sur les contre-temps, intervention d’un saxo. Excellent morceau, signé Georges Harrison. A mon avis, on pourrait faire un excellent album, avec seulement la moitié des titres du blanc, réunis sur un seul disque au lieu de deux.

 Savoy truffle

 

Abbey road

 

Après ça, il reste à voir le dernier sommet des Beatles : ABBEY ROAD (1969). Difficile pour moi d’être objectif, car c’est sans doute celui que j’ai le plus entendu entre l’âge de zéro et quatre ans, mon oreille musicale a dû se constituer sur ce mètre étalon. Come together ouvre l’album, la scansion du chant (de Lennon) a un côté un peu agaçant, mais le son d’intro avec ce frémissement de percussion qui tourne et cette basse, c’est quand même scotchant. Something ensuite, de Harrison : elle a un côté un poil tarte à la crème mais là aussi, j’y reste attaché malgré tout… Ensuite, par contre, on a droit à une paulade typique qu’on peut zapper sans problème (Maxwell’s silver hammer). Puis on reste avec Macca, pour un slow, Oh darling ! et là, bonne surprise, il est super, c’est bien simple : on dirait du Lennon. Ensuite on a la ringolette de service de l’album (Octopus’s garden), un peu country, comme d’hab, rien d’inoubliable. Et on finit la face avec un morceau d’anthologie de John : I want you (she’s so heavy). 7 minutes : première fois qu’ils font un titre aussi long (sans compter le machin expérimental de Lennon et Yoko sur l’album blanc, mais qui n’est pas vraiment du Beatles). C’est un peu trop bluesy par moments ; mais encore une fois, étant tombé dans cette soupe dès le plus jeune âge, elle continue toujours à m’hypnotiser, surtout la partie finale avec les arpèges de guitare un peu dramatiques !

Oh ! darling

La face B s’ouvre avec Here comes the sun, deuxième contribution de Georges, mais mieux que Something, carrément bien même ! Au niveau mélodique, c’est l’état de grâce, comme du grand Beach Boys. Pareil pour la suivante, Because, plus lente, très belle, composée par Lennon mais chantée à trois voix, avec Georges Martin à l’épinette électrique (merci Wikipedia !), plus du moog un peu chelou, mais l’ensemble reste très beau.

Ça s’enchaine tout en douceur avec une compo de McCartney, You Never Give Me Your Money, pour une fois très bonne, sauf qu’il dérive sur des parties plus speed et bluesy qui sont limites, mais pour arriver sur les arpèges de guitare qui sont super classes, avec la voix qui compte les chiffres par-dessus… Décidément, il existe peut-être d’autres trucs de musique prog des 70’s qui doivent ressembler à ce style et que j’aurais rejeté direct, dans mon adolescence ou plus tard (Genesis ou Supertramp ou que sais-je encore) mais là, joker, je suis séduit.

En fait on vient d’entrer avec ce morceau dans un grand medley de plusieurs chansons ou bouts de chansons, huit en tout (souvent courtes, entre une et deux minutes). C’est quasiment inédit pour un groupe pop et c’est super bien fait, tout s’enchaine idéalement, on dirait un seul grand morceau. Il parait que c’est Paul qui a fait tout ça, en collant des bouts de chansons des uns et des autres. Pour le coup, bravo et merci, Paul, tu m’as bluffé - et ceci dès le berceau !

Le medley se poursuit donc avec du Lennon : Sun king, encore une très belle chanson lente, avec un passage marrant où ça chante en italien. Elle bascule directement sur Mean Mr. Mustard, encore un bon couplet de Lennon, qui sert de transition avant de déboucher sur un excellent truc speed, toujours de lui : Polythen pam, avec des yeah yeah yeah et des saillies de guitare saturée. Puis la musique abouti habilement sur autre chose et on repasse à Macca, cette fois, avec She Came In Through The Bathroom Window, bonne compo, super chant et super chœurs ! Puis on a un brusque changement d’ambiance, avec Golden slumbers, mais là on revient sur les travers de Paul, avec trop de pathos et de grandiloquence, on dirait un peu du Joe Coocker ou du pré-Billy Joel. Et ça enchaîne assez vite sur Carry that weight. Celle-là est bizarre, alternant furtivement des passages à la Hey jude, des passages moches et d’autres très beaux. Et c’est un peu pareil pour le final, The End. Bref, on voit quand même que le début du medley est meilleur que la fin. Peut-être que Paul a voulu conclure le truc, après Lennon, pour montrer que c’était lui le meilleur, mais bien sûr, c’est l’inverse !

Le medley d'Abbey Road

Ceci dit ce medley reste une belle et étonnante pièce dans l’ensemble. Sans oublier le petit morceau de la fin, Her majesty, arrivant après 15 secondes de silence et non crédité sur la pochette, qui est donc sensé être le premier morceau caché de l’histoire du disque (bien avant l’apparition du CD) !

 

Let it be

Nous arrivons maintenant à la fin du parcours des enregistrements studio des Beatles, avec encore un album seulement, LET IT BE (1970), mais là je vais être sévère : c’est le seul que je n’aime pas, quasiment tout me laisse froid là-dedans ! J’ai ma théorie (après avoir lu quand même quelques trucs ici et là) : ce disque est constitué des chutes d’Abbey road, des chansons qui ont été enregistrées après celles de l’album blanc. Les meilleurs sont sur Abbey road et pour des raisons commerciales, il a fallu sortir un dernier album, juste après la séparation du groupe, avec les trucs moyens qui restaient, des impros, des blues-rock faciles, des compos peu inspirées… J’ai tenté de le réécouter une nouvelle fois mais rien à faire. A la limite je sauverais Dig it, mais ça ressemble surtout à une impro en répète, sympa mais sans plus. Let it be, c’est la grand-messe et Get back, c’est le rock and roll du naufrage, avec une grosse baisse de niveau par rapport aux années précédentes ; il vaut mieux écouter la version parodique de Starshooter (en 1977) qui est mille fois meilleure. On peut signaler malgré tout la sortie de Let it be… Naked, version plus brute de décoffrage de cet album, conçue par McCartney en 2003. Ça prouve que lui et les Beatles n’étaient pas satisfaits de ce disque à l’origine, mais ça ne change pas la composition des morceaux, il faudrait que je réécoute un de ces jours, mais sans grands espoirs pour ma besace de pépites.

Get baque / Starshooter

 

beatles-hey-jude-45

Restent à citer quelques titres parus seulement en single sur cette fin de carrière et qu’on peut retrouver sur « l’album bleu » (compilation 1967-1970) : Lady madona, compo de Paul parue en 1968, pas mal, bon titre. Revolution, la version single, excellente (contrairement à l’autre), déjà citée et face B de Hey Jude, de McCartney, une chanson moyenne typique de son style, avec quand même un long final assez étonnant.  Don’t let me down, de Lennon, sortie en 1969, pas retenue pour l’album Let it be alors que meilleure que tous les autres titres, sans être non plus géniale. The ballad of John and Yoko : encore un titre de Lennon (1969), pas mal. Et pour finir, Old brown shoes, d’Harrison, face B de la précédente, pas extraordinaire non-plus. Bref, on est quand même loin de la qualité extraordinaire des années 66-67.

 Revolution (single)

 

Par contre, il reste un disque indispensable à entendre et à avoir : c’est PLASTIC ONO BAND, le premier album solo de John, sorti en 1970. Avec deux ex-Beatles dedans : John au chant, à la guitare et au piano, plus Ringo à la batterie. Et l’ami Klaus Voorman à la basse (un artiste hollandais qui avait conçu la pochette de Revolver en 1966). Il mérite d’être cité car le son de sa basse est monstrueux ! Tout comme celui de la batterie et des guitares, d’ailleurs. Je ne sais pas s’il faut en attribuer le mérite à Phil Spector, qui a produit cet album, car ça ne ressemble pas au reste de ses productions, mais en tout cas c’est génial ! Tout est magnifique, les ballades douces et tristes (Mother) comme les morceaux les plus furieux, surtout Well well well, du pur punk avant l’heure.

Well well well / John Lennon

 

Pour conclure, les Beatles ont sans conteste laissé un paquet de chefs-d’œuvre, en moins de dix ans, avec bien peu d’équivalents dans les décennies suivantes.

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