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LE BLOGOTHORAX
24 février 2021

Mes meilleurs morceaux d’Echo & The Bunnymen

Echo Crocodiles

 

Echo & The Bunnymen est un groupe anglais, apparu à Liverpool à la fin des années 70. On l’assimile aux groupes new-wave du début des années 80, comme The Cure, Depeche Mode, Ultravox et plein d’autres. Mais pour moi il a une place à part et j’ai toujours écouté leurs quatre premiers albums depuis l’époque, sans m’en lasser. J’y ajoute un best of, reprenant les principaux singles non-présents sur ces albums. Ensuite, ça devient moins bien.

Mais au départ, ce groupe avait un son unique, mystérieux, captivant et puissant, tout en restant simple, sur une base basse-guitare-batterie, avec parfois de l’orgue, mais sans synthétiseurs. Ça ne sonne pas années 80 et c’est sans doute ce qui leur donne un côté si intemporel. Par contre ils ont utilisé des orchestrations de cordes, à partir du troisième album, pour un résultat magnifique.

Au départ du groupe, il n’y a pas de batteur et le premier single est enregistré, en 1979, avec une boite à rythme - dont le nom, Echo, inspirera celui du groupe. J’ai eu la chance de trouver ce disque, glissé par hasard au milieu d’une pile de 33tours, à la FNAC Montparnasse, vers 1988. Pictures on my wall : ambiance étrange, rythme ultra-minimaliste d’où émergent juste un coup de woodblock au début de chaque mesure et un charley qui marque tous les temps. Guitare acoustique et orgue très dépouillé. Basse discrète et voix très présente, ce timbre de voix si beau et si particulier de Ian McCulloch. Une chanson plutôt nostalgique et poétique. Mais la face B est un peu plus rock, plus abrupte : Read it in books. Boite à rythme plus présente, claquements de mains et superbe riff de guitare, bien soutenu par la basse. Excellente chanson.

Pictures on my wall (single)

Le premier album, CROCODILES, sort en plein été 1980. Mais il évoque bien plus la saison de l’automne ou celle de l’hiver. Dès le premier morceau, Going up, on retrouve ce mélange d’ambiance à la fois sombre et énergique. Il y a maintenant un batteur, Pete de Freitas, qui est un excellent batteur ! Après une intro pleine de reverb qui voit monter progressivement le volume de la basse et de la batterie, ça part sur un riff super efficace, le son de guitare est très sixties, puis la deuxième partie est plus dépouillée, répétitive, un peu hypnotique. La voix et la lead guitare surfent sur un tapis rythmique tendu et impeccable. Le ton est donné !

Going up

Tout l’album est bon mais je passe directement au quatrième titre, qui est excellent : Monkeys. L’intro part sur le thème du refrain puis débouche sur un riff magnifique, avec une lead guitare aérienne et une énorme ligne de basse, plus des accords de guitare rythmique très amples : ça sonne incroyablement bien. Le refrain n’est qu’un petit passage pour relancer la machine, où ça chante « key-mon, key-mon ».

Puis ça se poursuit sur les chapeaux de roues avec Crocodiles, un rock enlevé, plein de guitares très sixties, mais bientôt coupé par un passage plus sombre avant de repartir à bloc jusqu’à la fin.

La face B démarre avec Rescue, autre magnifique compo qui sera d’ailleurs leur troisième single et sans doute leur premier tube. Super refrain et un phrasé qui sonne si bien : « I this the blues I’m singing ? » Cette face contient aussi une reprise de Picture on my wall, plus orchestrée, forcément, mais tout aussi bonne que la première, même si elle n’a pas le charme de la fragile première version.

Rescue

Ensuite, encore un morceau puissant pour enfoncer le clou, All that jazz, au titre trompeur car c’est un rock très martial, où la guitare de Will Sergaent est soutenue encore une fois par une terrible ligne de basse et où Pete de Freitas donne toute la mesure de son talent, avec ses rythmiques infaillibles et ses roulements d’enfer !

L’album se termine en beauté et en furie avec Happy death men, contenant notamment un super break avec une section de cuivres.

 

Echo-The-Bunnymen-Heaven-Up-Here

Le deuxième album, HEAVEN UP HERE, sort en mai 1981. Globalement, pour moi, c’est le moins bon des quatre premiers, mais il démarre très fort, avec une série de morceaux époustouflants !

Show of strength, à la fois très tendu et aérien. Très peu de guitare rythmique, laissant la place à une superbe association basse batterie, sur laquelle vole le chant et des filets de guitare dans les aigus. Il n’y a pas vraiment de refrain, mais plutôt des parties qui se succèdent, pour déboucher sur la dernière, au bout de trois minutes : un final magnifique (cette basse et cette voix !) Et ça enchaîne dans la même tonalité, avec un titre encore meilleur, très rythmé et dansant, presque garage rock, With a hip, avec une ligne de basse encore meilleure. Un de mes morceaux favoris des Bunnymen.

With a hip

Le troisième est plus planant et inquiétant, plus new-wave mais comprenant des passages assez relevés, avec de superbes saillies de guitare rythmique : Over the wall. Pour respirer après ce tunnel hypnotique, un beau morceau, un peu plus léger, sans être extraordinaire, With a pleasure. Et pour finir la face, un des grands titres du répertoire d’Echo, A promise, morceau assez nostalgique mais avec une mélodie très marquante, surtout à la guitare, et une fois de plus un chant magnifique. Ce sera quasiment le seul single extrait de cet album.

La face B débute par un titre bien tendu, Heaven up here, ça sonne très bien mais c’est moins riche au niveau de la composition, il tourne presque tout le temps sur un seul accord. Puis l’album devient de plus en plus triste et apaisé. The disease est un joli et court titre presque acoustique, mais plutôt une sorte de transition. Ensuite il y a All my colours, qui est un titre reconnu dans leur répertoire, avec la voix qui répète sans cesse zimbo, zimbo, zimbo… Il n’est pas mal mais devenu lassant pour moi à la longue. No dark things est un peu plus groovy, mais pas exceptionnel et je n’aime pas les deux derniers titres qui clôturent l’album. Mais rien que pour ses deux ou trois premiers morceaux, cet album reste essentiel à entendre.

 

Echo - Porcupine

Presque deux plus tard, en février 1983, sort l’album PORCUPINE et alors là, c’est la grande classe ! Dès l’intro de The cutter apparait un violon, qui vient enrichir l’ambiance typique des Bunnymen, lui ajoutant une touche d’exotisme et de l’emphase. Cela est dû à la présence sur l’album de L. Shankar, un violoniste indien qui a joué avec de nombreuses pointures du rock (Lou Reed, Talking Heads, Zappa…) Le début très dépouillé, basé sur une rythmique basse-batterie, fait place, après le deuxième refrain, à une musique beaucoup plus orchestrée et chiadée, avec des cordes et des cuivres. Mais le deuxième titre repart en trombe avec l’un de ces super riffs de guitare à la Will Seargent, soutenu par une grosse rythmique basse – batterie : The back of love est l’un de leurs plus grands morceaux. Là encore, alternent des parties plus sensibles au violon, puis la machine se relance. Ian McCulloch livre encore une prestation vocale habité, sensuelle et puissante.

The back of love (clip)

My white devil démarre doucement, dans des effluves un peu psychédéliques puis décolle progressivement, on dirait du Doors avec des parfums d’orient, mais arrive ensuite des marimbas qui s’intègrent parfaitement et rajoutent une super couleur, tout comme ceux de Brian Jones dans Under my thumb. C’est toujours bourré d’écho partout, mais Echo fait plus penser au psychédélisme qu’à la new-wave façon The Cure. Clay et Porcupine terminent la première face et sont bons, mais sans me toucher autant que les trois premiers. Le premier est plutôt gai et rapide et le second est lent et triste puis devient de plus en plus tendu. Toujours des arrangements étranges et beaux ici et là…

La face B redémarre très fort avec un autre pur joyau : Heads will roll. Très belle intro à la guitare acoustique et riffs de violon excellents, avec une ligne de basse entêtante. Les couplets très dépouillés s’enchainent avec des refrains plus orchestrés et une partie de break super bien trouvée, le tout dans une couleur très orientale avec les violons et toujours cette ambiance réverbérée et psyché. On songe là que décidément, les Bunnymen sont bien de dignes successeurs des Beatles !

Heads will roll

Mais ce n’est pas tout : Ripeness vient relancer encore la sauce, sur un mode plus rock, un peu à la façon de With a hip sur le deuxième album : toujours cette alchimie rythmique mortelle entre la basse et la batterie ! Et McCulloch et Seargent qui continuent à planner tous les deux là-dessous, comme en état de grâce, avec plusieurs pistes de chant et de guitare superposés. On a ici un résumé de plus, une synthèse de leur style, passant en 3 minutes du rock de 65 au psychédélisme de 67.

Ripness

Ensuite, il y a une très belle ballade nostalgique : Higher hell. La guitare acoustique est accompagnée par une sorte de synthé, ou bien un orgue, ou encore un violoncelle ? Tout se fond tellement bien ensemble, avec la basse et la batterie, on ne sait plus trop. Là encore, plein de pistes de voix, ça chante en canon, les pistes de chants sont plus belles les unes que les autres.

Quatrième titre, Gods will be gods semble moins inspiré au départ, mais le morceau prend soudain un tour surprenant par un changement musical et une accélération du rythme, on se laisse facilement prendre dans ce trip assez hypnotique. Le dernier titre, In bluer skies, reste de haute volée, avec un son d’intro plus moderne, un mid-tempo très groovy, une basse presque funk et des wood-blocks, mais toujours ce climat aérien qui revient sur les refrains avec les envolées de guitares et puis un gros son d’orgue qui surgit sur la fin. Avec le recul, cet album est vraiment le plus intense du groupe (l’ami Wadel me l’avait bien dit autrefois ; il avait raison) !

In bluer skies

 

Cependant, il y a aussi le quatrième album : encore un chef-d’œuvre ! OCEAN RAIN sort en mai 1984. Le son est très pur, aéré, cristallin et il bénéficie d’arrangements joués par un orchestre philharmonique, avec beaucoup de cordes. Je l’ai découvert à peu près à sa sortie et il me rappelle des images de mon adolescence, mais que de bons souvenirs, d’enthousiasme et de ferveur, du genre c’est le printemps, vous êtes amoureux et le monde est à vous !

Oceanrain

Dès les premiers accords de guitare acoustique, suivis par les violons puis le chant, c’est magnifique. On s’éloigne du rock and roll mais c’est de la pop orchestrale de haute volée, avec toujours ces parties de guitare solo un peu orientalisantes et aussi des chœurs. Certains trouveront sans doute ça grandiloquant, moi je dirais juste grandiose ! Silver est un très grand morceau. Noctural me enchaîne très bien, sur un mode un peu plus dramatique, mais toujours dans cette même couleur orchestrale, avec en plus des instruments à vent, sans doute du hautbois. On ne sait pas s’il y a de la basse, elle est sans doute fondue ou doublée par une ou des contrebasses, sans compter les violoncelles. La batterie est là, plus en arrière que d’habitude, mais toujours excellente.

Silver (clip)

Troisième titre, encore une pépite : Crystal days. Celui-là a une structure de base plus rock et rendrait sûrement bien avec des arrangements « normaux ». Mais là encore, il bénéficie d’un traitement somptueux à base de cordes, le tout restant très nerveux et avec encore une superbe lead guitare de Will Seargent.

Quant à Ian McCulloch, il est au top. D’ailleurs on enchaîne avec The Yo yo man, où sa voix est particulièrement belle (il chante d’ailleurs deux lignes de voix par moments). Ce morceau est un peu plus triste et lent, une ballade envoûtante, ponctuée par de supers riffs de violon, un break un peu chinois et accompagné par une flûte de paon assez discrète qui joue dans les graves. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours adoré le passage après le break, où Ian reprend en chantant : « I'm the yo-yo man, always up and down ». On peut sans doute voir transparaître ici une autre de leurs influences : David Bowie.

The yo yo man

Franchement, cette série d’ouverture est vraiment imparable et d’une grande intensité, très cohérente. La face se termine avec un titre un peu moins fort mais bon quand même, Thorn of crowns, sur un mode plus incantatoire, un titre plus répétitif et tout en ambiance, mais tendu, un peu à la façon des Doors.

Ça redémarre très fort en face B, avec l’une des plus belles chansons d’Echo : The killing moon. Magnifique compo, une superbe partie de guitare rythmique, accompagnée par une superbe ligne de basse et ponctuée par de superbes accords de guitare avec un fort vibrato. Pas de violons sur les couplets, cette fois, mais juste sur les refrains. Ceux-ci sonnent peut-être un peu plus commercial, mais c’est super beau alors ça passe très bien. Et le chant est évidemment très touchant, surtout sur les couplets.

Même formule sur Seven seas : des couplets merveilleux, mais un refrain avec une mélodie un peu plus facile / commerciale, un peu trop à mon goût, cette fois. Mais bon, les arrangements sont une fois de plus très bons.

Après cette légère baisse de niveau, on arrive à My kingdom, encore l’un de mes titres préférés des Bunnymen, avec un refrain magnifique, cette fois-ci, et un thème guitare-basse excellent, précédé par une très belle intro à l’harmonium. Et puis on sent poindre la guitare solo et après le deuxième refrain elle s’envole, pour déboucher sur l’un de mes solos de guitare préférés, toutes catégories confondues ! Encore une fois, McCulloch se surpasse (et double une fois de plus sa voix dans les aigus, ce qui rend très bien). Ces coquins savent à quel point ils sont bons et du coup, on nous rebalance une deuxième fois le solo pour la fin : merci, il n’est pas de trop !

My kingdom

L’album se termine tranquillement avec le titre éponyme, Ocean rain, pas extraordinaire mais beau et assez touchant ; de toute façon le contrat est déjà largement rempli. C’est l’un des disques que j’ai réécouté le plus régulièrement depuis les années 80, sans jamais m’en lasser. La musique des Bunnymen a vraiment pour moi un côté intemporel, bien plus que les Cure ou plein d’autres groupes estimables de l’époque.

 

Echo - songs to learn

Dès 1985 sort une première compilation du groupe : SONGS TO LEARN AND SINGS, qui vaut vraiment le détour car elle reprend leurs grands succès mais surtout plusieurs singles qui n’étaient pas sur les 4 premiers albums. Tout d’abord The Puppet (1980) : très bon single qui avait eu son petit succès. Mais surtout sa face B, Do it clean, un morceau que j’adore car tout en étant très marqué de leur empreinte, c’est le plus garage-rock de tous, avec un riff de guitare excellent, très dansant et aussi un orgue qui sonne très sixties. C’est digne des meilleurs titres de Biff Bang Pow ou des Dentists, groupes pop anglais du revival sixties des eighties.

Do it clean (single)

Troisième titre de cette compilation, hors album et tout à fait indispensable : Never stop. Je me souviens encore de l’avoir vu à la télé à l’époque – sans doute aux Enfants du rock en 1983 – et d’avoir été scotché. Je crois que c’est par ce titre que j’ai découvert le groupe. J’ai cherché le disque pendant des mois mais j’étais nul en la matière et je ne l’ai vu que sur un mini-album en import qui coûtait la peau du cul, genre 120 francs les 4 titres, à une époque où un album entier coûtait 50 francs. Du coup je n’ai pu le récupérer que plusieurs années plus tard, sur cette compilation. Un titre très original qui se démarque vraiment, à l’époque, avec l’une de leurs premières utilisations de cordes (violoncelles, violon), à peu près au moment de la sortie de Porcupine, plus l’utilisation d’un xylophone.

Never stop (single)

Never stop (live at Royal Albert Hall, 1984)

Reste un inédit, sur cette compilation : Bring on the dances horses, nouvelle compo de 1985, inclue pour l’occasion. Bon morceau, qui sonne légèrement plus commercial mais avec un très beau refrain.

Ensuite, leur âge d’or est terminé. Le son plus commercial se confirme sur l’album suivant, sorti en 87 (et qui porte simplement comme titre le nom du groupe). C’est pas mal, mais moins inspiré. A noter quand même, une reprise pas trop mal de People are strange des Doors, sur un single (le chant est bien mais le break musical est poussif). Ensuite, le groupe se séparera de Ian Mc Culloch et enregistrera un album sans lui (quelle hérésie !) puis ce sera le décès du batteur Pete de Freitas, en 1989. C’est l’un des meilleurs batteurs que j'ai pu entendre alors forcément, sans lui, toute poursuite du groupe ne pourra qu’être moins bonne qu’avant.

Malgré tout, McCulloch et Seargent se réconcilient au début des 90’s, d’abord au sein d’Electrafixion (un album en 1995) puis reforment les Bunnymen, pour plusieurs nouveaux albums, agréables mais sans retrouver le génie des origines. Par contre cette reformation leur permet de tourner en concert jusqu’à aujourd’hui et m’a donné l’occasion de les voir au Trabendo dans les années 2000 : très bon concert !

The killing moon (live au Bataclan, 2018)

 

A signaler, la sortie récente d’un nouvel album regroupant toutes leurs Peel sessions de 1979 à 1983. Hyper-intéressant pour les fans, car presque tous les titres y ont été enregistrés (live à la radio, dans l’émission de John Peel) avant leur sortie définitive sur album. Du coup, les versions sont souvent moins bonnes et moins abouties, mais cela montre leur genèse et fait prendre conscience du génial travail de finition et de production qui a été fait sur leurs quatre premiers albums, notamment Porcupine et Ocean rain aux arrangements si lumineux ! Mais il y a aussi d'excellentes versions déjà bien abouties, comme celle-ci :

That golden smile (Peel session 1980, futur Show of streng, sur Heaven up here)

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